Tata Diamant Fou a testé pour vous: le tournoi de belote (en milieu rural)
Tu ne le sais certainement pas, car je me préserve un jardin secret, mais en juillet je me suis pris une petite semaine de vacances tranquillou. Formule royale grand luxe: 4 jours en Lozère et 4 jours dans le Lot. Je sais, je vends du rêve.
Grosso modo, et dans le désordre, mon emploi du temps s'est inéquitablement partagé entre des plongeons dans la piscine, une rencontre avec des bisons poilus, la recherche de ces foutus balises jaunes sur les sentiers de rando et... un tournoi de belote. Parce que figure toi que c'était la fête du village, dans le village où on était. Et ouais. Et donc, qui dit fête de village dit méchoui convivial avec pêche aux canards et manège-où-faut-attraper-un-pompon-qui-ne-ressemble-plus-à-nos-Mickey-d'antan; tournoi de pétanque; et... ben oui, tu l'as deviné, tournoi de belote. T'es futé toi tu sais.
Petit retour en arrière. Quand j'étais collègienne je jouais tout le temps au trou du cul, tu sais ce jeu capitaliste où, si tu looses une fois, tu looses tout le reste de la partie parce que t'es obligé de donner toutes tes bonnes cartes au vainqueur. Déterminisme social, quand tu nous tiens.
Pis après j'ai eu mon BEPC et je suis allée au lycée. Là j'ai joué au tarot, un jeu d'adulte qui faisait classe, en sirotant des diabolos à 5 francs au Cappuccino, un bar à côté du bahut un peu miteux mais qui servait des diabolos à 5 francs.
Pis un beau jour, j'ai débarqué à Nantes, une ville jusqu'alors inconnue qui avait l'attrait de la nouveauté et de l'air iodé. Là j'ai rapidement compris que pour m'intégrer à la populace locale (rustre mais accueillante après la première bière), je n'avais d'autre choix que d'apprendre à jouer à ce jeu qui constitue le ciment du lien social des nantais: la belote. On m'a donc collé 5 cartes dans la main en m'expliquant qu'avoir un valet était le pouvoir ultime, et juste après le 9 c'est bien aussi. Fi du roi et de la reine, la belote, c'est un jeu révolutionnaire.
Après le poker face: le belote face.
Depuis bah j'aime bien la belote (et les nantais (même s'ils ne sont pas tous abonnés à ma fanpage Facebook (shame on you))).
Seulement voilà, depuis, je suis revenue vivre dans ma région natale. Et là, infamie: ici, on joue à la coinche (ou belote coinchée). Argh! Un jour, si j'ai le temps et l'envie, je t'expliquerai pourquoi je préfère la belote à la coinche. En attendant, bah tu me connais, avec mon sens de l'adaptation qui me caractérise, je suis bien obligée de me plier aux us des rhônalpins.
C'est donc avec une joie non dissimulée que j'ai vu l'affiche pour un tournoi de VRAIE belote dans le village du Lot où je passais tranquillement mes journées à peaufiner le fameux bronzage-biafine dont je t'ai déjà parlé. J'ai embarqué mon cher et tendre dans l'aventure, en qualité de partner, ainsi que mes beaux-parents, mon beau-neveu, et même la voisine du village. Attention, ça déconne pas.
Pour te planter le décor: un grand chapiteau dans un pré, une buvette qui ne sert pas des diabolos à 5 francs mais des cocas à 2€ (quelle triste époque), des tables sur tréteaux et des bancs alignés, des morceaux de moquette découpée en guise de tapis de jeu, et des vieux. Des vieux partout. La belote, c'est avant tout une affaire de vieux. Avec mes ahem à peine 31 ans, j'étais facilement dans le top 5 des plus jeunes du concours, et on était quand même une centaine de joueurs. Ce qui ne m'a donné aucun avantage particulier, mais m'a obligé à crier un peu fort pour communiquer avec mes adversaires.
Y'avait un petit tableau rappelant les règles applicables au tournoi, parce que la belote, c'est comme la recette de la ratatouille: les ingrédients de base sont les mêmes partout, mais les détails varient en fonction des régions. Rien de bien extraordinaire globalement si ce n'est une dernière règle, complètement obscure " x vaut 1000". On n'a pas compris, mais ça ne nous a pas empêchés de jouer.
Il fallait faire 3 parties de 12 plis et comptabiliser le total des points pour déterminer l'équipe vainqueuse (vainqueresse? vainquerice?). La première partie on a loosé contre des petits vieux sympas. La deuxième partie on a gagné contre des vieux tricheurs de mauvaise foi et qui malgré tout se sont fait rétamer (ils ont même fini avant-dernier du tournoi, soit 48ème sur 49). La troisème partie, on est tombés sur les deux autres jeunes du concours (avec mon beau-neveu, mon chéri et moi, c'est bon, t'as ton top 5) et c'était sympa. On a gagné aussi faut dire.
Et ensuite, décompte des points. Pendant ce temps, on a eu le temps de boire quelques cocas à 2€ et d'imaginer ce qu'il pouvait bien y avoir dans les sacs plastiques qui contenaient les lots. Oui parce que c'est un concours où on ne te dit pas à l'avance ce qu'il y a à remporter. Aussi bien tu peux te retrouver avec un cochon vivant ou une charrue et là tu te dis que t'aurais pas dû gagner. Mais c'était peu plausible qu'ils aient réussi à mettre un cochon ou une charrue dans un sac plastique.
Fin du suspense, annonce des résultats. On a fait le meilleur score familial en arrivant 20ème sur 49, ce qui n'est pas si mal pour une première. On a eu notre sac plastique, nous aussi. Dedans y'avait un gâteau marbré Netto et une bouteille de Bergerac. En plein pays du Cahors, c'était inattendu. Mon beau-père et la voisine, arrivés 31ème, ont eu un paquet de cookies 1er prix et le même Bergerac, et ma belle-mère et mon beau-neveu, 42ème, bah juste une bouteille de Bergerac. De quoi se mettre une bonne cuite au (mauvais) vin et se faire un bon goûter quoi. On est repartis contents quand même.
Voilà. Vivement le prochain! J'ai bien observé la technique de triche des vainqueurs et cette fois-ci, je saurai ce qu'il y a dans le sac plastique constituant le 1er lot.
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